27 février 2015

Message d’au revoir d’un fils à son père

Papa, nous avons été si proches que nous sommes devenus complices. Nous ne nous sommes jamais éloignés l’un de l’autre sans que l’un ne soit affecté. Je te remercie pour ton soutien à chaque difficulté et suis fier de porter ton nom et de pouvoir t’appeler papa. Tu m’as toujours guidé dans mes choix et parfois je te laissais le faire, car je sais que tu ne voulais que mon bonheur. Mais un jour viendra où nous serons tous les deux contraints de respecter le choix de l’autre. Je suis un homme à présent et tu sais très bien que ce jour devait arriver. Je me rappelle ces débuts où lorsque je te faisais part de ces projets de voyage, après de longues discussions tu acceptais pour ensuite refuser. Ce serait hypocrite de dire que ça ne me mettait pas en colère, mais je finissais par comprendre les raisons de tes « oui et non ». Un papa voudra toujours protéger son enfant. Chaque fois que je t’ai laissé choisir, je n’ai jamais eu à le regretter. Si je suis ma formation actuelle, c’est bien grâce à toi.

Aujourd’hui, il nous faut choisir. Je dois apprendre à voler de mes propres ailes, faire mes propres choix et les assumer. Il me faut préparer mon départ. Mais tu étais heureux à l’idée que ton fils aille à l’étranger pour ses études. Pourtant, le soir tu es quasiment resté coi dans ton fauteuil préféré me regardant et m’observant faire mes valises. Papa, il m’a juste suffi de lever les yeux pour voir l’expression de ton regard dissout dans le néant. L’expression corporelle dit-on, exprime ce que l’on ressent du fond de son coeur. Tes yeux à travers tes verres étaient tournés vers un point invisible. Papa, je vois que dans ton regard, tu te demandes encore si tu me laisses faire le bon choix. C’est normal, c’est la question que se pose tout parent lors des séparations. Tu te demandes sûrement si tu fais bien de me laisser prendre ce vol et disparaître sans savoir quand je serai de retour.

Papa, tu m’as toujours éclairé, guidé et assisté alors laisse-moi réaliser ce rêve qui m’est si cher. Je sais que c’est dur de devoir nous séparer. Il faut que j’apprenne à assumer mes propres choix et que je me réalise. Je dois partir. De nouveau je vois tes yeux, tes yeux lourds et remplis d’un grand scepticisme.Fallait-il se réjouir ou me demander de rester. Je m’en vais. Je te dis juste au revoir même si je ne sais pas quand on se reverra. J’observe ton visage, tes yeux, une dernière fois, et je sens que tu te poses une question celle de savoir si tu seras encore là à mon retour. Et bien peu importe ce qui arrivera, je te promets et m’engage à me battre pour que tu sois fier de moi. Je ferai tout mon possible, je donnerai toujours le meilleur de moi pour que tu sois fier de m’appeler  »mon fils ».

Papa, sache que tu as toujours été un bon père pour moi. Chose que je ne suis pas près d’oublier. Fais-moi confiance. J’ai un rêve que je compte réaliser et ce voyage n’est qu’un premier pas. Mais de quoi as-tu peur papa? Je ne suis plus un gamin? Et voilà qu’arrive le moment où je dois embarquer. On me l’avait dit, mais je n’y avais pas cru. Les derniers moments sont pleins d’émotion. Je m’en rends compte en franchissant le seul de l’aéroport en larmes à l’idée de te quitter. Je sens déjà ton manque, je sens déjà le vide qui se crée autour de moi. Mais il faut avancer.

Le temps s’en ira, tout s’en ira mais jamais l’amour que j’ai pour toi. Je t’enverrai des cartes postales, des mails, des photos. Ces dernières images de toi me permettent de découvrir combien je compte à tes yeux, mais je ne suis plus un petit garçon. Si je chute, ce n’est pas grave, l’essentiel est de savoir me relever.

 

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Commentaires

Jean-Paul Lawson
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Très bel article qui retrace l'atmosphère très connue de nous, enfants africains face à nos familles, lors des moments de douloureuses séparations

Atman BOUBA
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Merci pour la visite et le commentaire

Faty
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Formidable lettre, quelle emotion!

Atman BOUBA
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Merci pour la visite et le commentaire @Faty

Amouda ilimath
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C'est si fort et si vrai cet émotion puisse Allah accueillir papa et lui accordée la vie éternelle. Be brave coordinateur

Thierry Martial M. TCHANGOLE
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Sincèrement, je suis émerveillé de lire ce texte! Cela témoigne de l'amour paternel et maternel que les parents ont pour leurs enfants quelque soit leurs caractères, et quelque soit la circonstance...!
Mais il fallait un soudain incident, comme la distance; pour marquer l'emblème psychique de cet amour...!

Thierry Martial M. TCHANGOLE
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C'était sûr que c'était un au revoir proche et non lointain...
Ce n'était non plus un adieux ! (Là, c'est encore une réalité difficile, émoussante...)

Moncozet
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pourquoi avez vous créer ce poème