22 juin 2015

A quoi sert, au juste, la mairie de Cotonou?

Cotonou, la capitale économique du Bénin, est sa ville phare. Elle abrite les sièges de nombreuses institutions de la République tels que les ministères, la présidence, le PAC, pour ne citer que ceux là. C’est elle qui abrite également le marché Dantokpa, réputé pour être le plus grand marché de la zone UEMOA. L’autorité communale est la mairie de Cotonou avec, pour maire, Nicephore D. SOGLO. Ce dernier a pour premier adjoint son propre fils Lehady SOGLO.

Et bien depuis 2003, cette famille siège sur le trône municipal. Elle considère à tort qu’il lui appartient. Mais, en réalité, à quoi sert la mairie de Cotonou? Travaille-t-elle pour nous ou pour la famille municipale? Là est la question.

La ville phare du Bénin est confrontée à de nombreuses intempéries. Ces dernières sont d’ordre naturel et anthropique. Les intempéries, cela arrive à toutes les villes. Mais leur capacité à y faire face et à les juguler permet de mesurer sa force. Ceci étant, quelle est la capacité de la mairie de Cotonou?
Chaque année, Cotonou est sujette à des inondations. Une, deux, trois pluies et voilà Cotonou sous l’eau. Ce qui a amené, avec raison bien sûr, mon confrère Cypriano LAWSON à se demander: «comment ça se fait que la ville de Cotonou n’arrive pas à trouver une solution efficace au problème récurrent d’inondations?». Mais la vérité est imminente. Pour le père-maire et le fils-adjoint, la préoccupation majeure est de pérenniser le pouvoir « royal » et d’assurer la succession de la municipalité de père en fils. Et ceci, bien évidemment, au détriment de la population qui, fatiguée de se plaindre, a dû s’ériger en spectatrice. Il est impossible de circuler à Cotonou en saison pluvieuse. Sur chaque axe routier, des scènes insolites se présentent. Des véhicules et des motos se noient dans l’eau. Et tout ça, la mairie de Cotonou s’en moque éperdument. Après des pluies, voilà les situations à laquelle est confrontée la ville de Cotonou.

©Atman BOUBA
©Atman BOUBA
©Atman BOUBA
©Atman BOUBA

Il faut souvent traverser une vaste étendue d’eau avec des fosses énormes. Et pourtant, en 2003, l’opération « Cotonou en Campagne Contre les Inondations (3CI) » a été enclenchée. À travers cette dernière, la mairie de Cotonou voulait donner aux populations un brin d’espoir et surtout «faire en sorte que les saisons de pluies à Cotonou ne soient plus un cauchemar pour les résidents.». Méprise qui sera très vite mise à nu puisque, depuis douze de règne, la psychose est de plus en plus infernale.

En dehors des défis d’inondation, la ville doit faire face à la dégradation des voies, des routes et des infrastructures. Il y a des pavés concassés laissant apparaître un grand fossé. Puisque la mairie de Cotonou ne s’en préoccupe point, les usagers sont contraints d’user de leur imagination, de leur esprit créatif, pour signaler le danger qui y plane.

©Atman BOUBA
©Atman BOUBA

En outre, pour couronner le tout, c’est la population qui vient elle-même jouer sa partition. Le marché Dantokpa est le lieu par excellence de l’insalubrité à Cotonou. Dans ce marché, l’insalubrité a atteint son paroxysme. Les abords des voies et les trottoirs servent de réceptacles aux déchets de tout genre, y-compris les canaux d’évacuation. Ces derniers étant bouchés, le niveau des eaux augmente et bonjour les inondations. Certes, la mairie a essayé de sensibiliser les populations à cet effet, mais à quoi sert une sensibilisation sans action? Interdire aux populations de considérer ces canaux comme des dépotoirs est une bonne initiative mais mettre des poubelles publiques à la disposition des populations serait mieux.

En somme, alors que Cotonou est plongée dans un chaos où règnent conjointement insalubrité, inondation et dégradations des infrastructures routières, les charognards se lancent déjà dans une lutte pour s’accaparer cette carcasse. Au moment où l’un cherche à perpétuer la tradition du «tô kou bô vissô» (héritage en langue Fon), l’autre cherche à le détrôner en instaurant la stratégie du halte au 3 fois CI (faisant allusion au 3CI) pour passer au CP (Cotonou Propre) : simple jeu de mots. Cotonou n’est ni la monarchie d’une dynastie, ni un royaume. Il est grand temps que les Béninois s’en rendent compte.

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Commentaires

Benjamin Yobouet
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Question très pertinente, je dirai plutôt; à quoi servent nos mairies en Afrique. Merci pour ce billet !