25 novembre 2014

Université d’Abomey-Calavi: ma première fois

crédit photo mémoireoline.com
crédit photo mémoireoline.com

J’irai à la fac de l’Université d’Abomey-Calavi

Je me rappelle encore de ce jour comme si c’était hier. Je venais d’avoir le BAC et étais très excité à l’idée d’être à la fac de l’Université d’Abomey-Calavi vu les nombreux témoignages et commentaires qui me parvenaient de la part de mon grand frère et des amis qui y étaient déjà. J’étais très heureux. Les nuits, je ne pensais qu’à ça. Je dormais à peine. J’irai à la fac. J’étais en pleine extase. Je voyais la fac partout. Je lisais la fac sur toutes les pancartes. Avec les amis, je ne parlais que de la fac. J’étais impatient d’y aller. Déjà à un mois de la rentrée académique, j’avais déjà lancé mon compte à rebours. Je décomptais les jours sur mon pense-bête et «j’irai à la fac de l’Université d’Abomey-Calavi» répondais-je à quiconque me demandais «Oû comptes-tu t’inscrire?». Je ne respirais plus que pour la fac. Je n’avais qu’un seul désire, aller à la fac, à la FAC, la FAC, la FAC!!!!!!!!!!!!!!!

Je suis en fac à l’Université d’Abomey-Calavi

La nuit paraissait plus longue que jamais. D’abord, avant de m’endormir, je préparai mon vestimentaire, haut, bas et paires de chaussures, le tout acheté pour la circonstance. La nuit paraissait plus longue que jamais. Je m’étais endormi à 22h histoire d’être sur pied à l’aube. Après un long sommeil, je me levai, croyant qu’il était déjà temps. Je jetai un coup d’oeil sur mon réveil, zut il n’est qu’une heure du matin. Je me levai, je pris le soin de nettoyer mes chaussures puis m’endormis à nouveaux. Je m’étais réveillé à maintes reprises dans la nuit profonde tantôt pour nettoyer mes chaussures, tantôt pour mon tee-shirt, tantôt pour mon jeans. Enfin, l’heure H. L’heure tant attendue vint après une éternité d’attente. Le réveil sonna 6h du matin. Je sautai du lit. Une fois prêt, je pris mon équipement et partit pour le campus de l’Université d’Abomey-Calavi. Le chemin était long. Les trente minutes de route me paraissaient une journée. À chaque quart d’heure, je demandais si nous y étions pas encore? Ouf, j’aperçu un large mur sur lequel est gravé l’emblème de l’Université d’Abomey-Calavi.

Je su aussitôt que nous y étions. Je reconnu ces fameux bâtiments des résidences BID*, ces célèbres bâtiments aux escaliers en forme d’escargot. Je suis enfin à l’Université d’Abomey-Calavi.

 L’extase était à son paroxysme. Le jardin à l’entrée principal, la nomenclature des rues, le rectorat, le département de la FLASH, j’ai perdu du temps à les observer. Je n’en croyais pas mes yeux. Ça bougeait dans tous les sens. Il y avait de l’affluence partout. J’admirais la verdure tel un touriste.

En avant pour l’inscription

Après une longue randonnée, il fallait m’inscrire. Je me suis mis alors à chercher le secteur réservé aux inscriptions. Bah, j’aurais jamais dû perdre mon temps pour la randonnée. L’effectif était pléthorique. Face à cette plétore, je mis du temps à prendre une décision. Faut-il m’ajouter à cet effectif ou attendre espérant qu’il baisse? Telle était ma préoccupation. Mais plus j’attendais plus l’effectif foisonnait. J’ai donc plongé dans cette masse compacte en me frayant un passage puis petite place. Ouf, sous le soleil, c’était dur. Mais on ne m’avait pas parlé d’un tel effectif pour les inscriptions! Je ne m’y attendais pas. Le soleil de 9h brûlent de tout son éclat. Il était très ardent, j’ai dû me mettre à l’abris. Mais peu de temps après, j’ai perdu ma place. J’aurais pas dû quitter ma place. Puis brusquement, une pluie battante se mit à tomber. À ma grande surprise, la masse ne se dispersit point. Mais je fus sidéré face à cette scène. Que les étudiants sont tenaces! Sous le soleil et sous la pluie, ils baissent pas les bras. Après plus de trente minutes, la pluie cessa enfin. Je suis entrain de passer près de 3h debout. Je ne sentais plus mes jambes. Elles ne répondaient plus. Je sentais mes forces me quitter. Du coups, une sorte de brouillard troublait ma vision. Je ne comprenais rien. Je me suis retrouvé allongé sur la terrasse, le visage mouillé, entouré par une meute qui agitait des tenues afin de m’oxygéner. Une fois mes esprits repris, j’ai compris que j’avais perdu connaissance. Je venais de m’évanouir sous l’effet de la fatigue. Mais vraiment, quel con ai-je été? Sous l’effet de la précipitation, j’avais oublié de prendre un repas. Mais à quoi malheur est bon, cette crise m’a permis de passer m’inscrire avant mon tour. Je venais d’apprendre une chose, ne jamais se rendre sur le campus le ventre vide.

Telle des sardines

J’avais fini mon inscription et me voici étudiant à la fac à part entière. Je possède ainsi ma carte d’étudiant avec les avantages: transport et restaurant estudiantins. Le lendemain, je pris la route pour l’arrêt bus mais après avoir pris un repas évidemment. Arrivé sur les lieux, j’ai remarqué encore l’effectif qui y était. Ouf, mais bon, je me suis placé et après 10mn, le bus vint. À ma grande surprise, il était déjà plein. Déjà, trois étudiants assis sur des sièges à deux places et ayant embauché* chacun un étudiant retint mon attention. De plus, les responsables de ligne obligeaient les rescapés, les passagers qui étaient debout, à regagner le fond du bus et les disposaient en «dos-à-dos»*.et avec au milieu, un passager.J’étouffais. Le bus grognait. Il se plaignait, avançait avec peine. À chaque carrefour, des cyclistes n’en reviennent pas. On sentait la désolation dans leurs regards mais les étudiants s’en foutaient. Ils se plaisaient ainsi surtout celui qui était au tréfonds du bus avec moi. Je ne pouvais pas bouger d’une semelle de même que lui et pourtant, il ne cessait de plaisanter. Il ne s’apitoyait même pas sur son sort. Rester dans cette position tout au long du voyage. Je ne cessais d’implorer le Bon Dieu pour qu’il abrège cette peine. En fin, terminus tout le monde descend. C’était encore le comble. C’est toujours bizarre de savoir qu’on est au terminus et qu’on a l’impression d’être coincé dans ce bus. Je n’avais qu’une envie, vite sortir de ce bus. Mais ça paraissait trop long. Après une dizaine de minute, je sentis le bus vider. À mon tour, je sentis ma jambe droite m’abandonner. Elle ne me répondait plus. Il m’a fallu attendre quelques instants avant de reprendre le contrôle de mon corps. Ouf, j’étais tout mouillé, trempé de sueur qui suintait le long de mon corps.

A l’amphi B1000

Une autre aventure que je ne suis pas encore prêt à oublier est celle de l’amphi B1000. Il est très célèbre sur ce campus. Un amphithéâtre de 1000 places, avec une entrée très très étroite. Vous vous imaginez la suite j’espère? Un jour, j’avais cours à 7h et je m’étais rendu sur le campus à 6h30mn. En me rendant à mon amphi, je fus bouche bée. Je suis resté coi, le regard plongé perdu en avant. Je cherchais une explication à la scène qui se passait juste sous mes yeux. Je n’en revenais pas. J’ai souvent entendu parlé du fameux amphi B1000 mais je ne savais pas que c’était lui qui se tenait juste en face de moi. La scène était stupéfiante. De la bousculade ne serait-ce que pour suivre un cours. De la bousculade juste pour y entrer et s’y faire une place. L’entrée était essaimée par une foule gigantesque. Telle des fourmies, les étudiants se battaient pour se frayer un passage. Dans cette lutte acharnée où il n’y avait plus d’espace, même pas pour laisser passer la lumière, d’autres étranges scenarii firent tordre de rire les spectateurs. Certains escaladaient pour y entrer par les fenêtres haut de près de 2m et d’autres soit marchaient, soit rampaient sur la tête de ceux qui étaient déjà dans l’essaim à l’entrée. Cette scène paraît insolite mais c’est la pure vérité. Je l’ai vécu et j’ai observé. Les rescapés qui n’avaient pas pu accéder à l’amphi en dépit de leur lutte ne sortaient point sans séquelles. Certains abandonnaient après avoir perdu une chaussure, d’autres après avoir reçu des coups de points sur la mâchoire, ou encore après avoir perdu un morceau de leur tee-shirt. Les femmes ne songaient même pas à se confondre à la mêlée. Elles se tenaient carrément à l’écart et s’érigeaient en spectateurs. Un rescapé s’était confié à moi et je me rappelle encore de ses propos:«Je ne sentais plus mon souffle. J’étouffais. J’ai vu un homme s’évanouir une fois à l’intérieur. J’ai été transporté. Tellement on me serrait que mes pieds ont quitté le sol alors que j’étais en déplacement.».

Étudiants et forces de l’ordre.

Voici encore un aspect des étudiants. Avec les forces de l’ordre, les étudiants ne sont pas du tout des enfants de coeur. Quand il y avait les mouvements, les étudiants boycottaient les cours, prenaient les rues d’assaut et paralysaient la circulation. Quand les forces de l’ordre intervenaient sur le campus, bah là, sauve qui peut. Coups de matraque, de godasse, récompensaient ceux qui se faisaient prendre dans les mailles policières sans parler du lourd dégâts que leur infligeaient les étudiants armés de pierres. Avec des potes du campus, on se baladait après les cours quand soudain, un bruit retentit tel une crevaison de pneu. Nous nous sommes regardé un instant, puis ce fut une débandade qui vint à nous.

Au même instant, un autre bruit assourdissant retentit. Cette fois-ci, il n’y avait pas de doute. Les forces de l’ordre tiraient des gaz lacrymogènes dans la foule estudiantine. Les engins affluaient de la direction. Aussitôt, sans plus tarder, je me suis confondu à la mêlée. Je pris la poudre d’escampette. Dans la foulée, je fus projeté par une moto. Aussitôt tombé, aussitôt relevé et aussitôt relevé, aussitôt repris la course et, direction maison. Ce fut un fameux jour. C’est une fois dans le bus pour rentrer que j’ai songé à avoir des nouvelles de mes potes qui, étaient encore sur le campus. Mais cette journée m’a permis de passer toute la journée du lendemain au lit. Je ne pouvais pas me relever du lit. Je ne me rappelle même pas comment les larmes sortaient de mes yeux. Le choc que j’ai eu avec la moto paraissait plus violent que je l’imaginais. Mais ça m’a servi de leçon. Il faut savoir se sauver.

 Le campus après tout.

Une des valeurs du campus est la solidarité qui règne entre étudiants. Le campus est surtout marqué par une fierté d’appartenir à une même communauté, à une même fraternité oû tous les étudiants, connaissances ou individus cohabitent dans une parfaite harmonie et s’appellent  »camarades ». Tout ceci donne un autre visage à la vie estudiantine sur le campus. L’adaptation s’avère difficile mais une fois faite, on ne peux plus s’en passer. Comme mon amie qui, après avoir passé un mois de lutte intense sur le campus, pris la résolution de ne plus y mettre pieds. Mais juste une semaine après, elle s’y est rendue et s’est bien intégrée. C’est pour dire qu’après l’adaptation et l’intégration, on se sent en famille. 

*DHA: Département d’Histoire et d’Archéologie; *FLASH: Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines; *UAC: Université d’Abomey-Calavi; *Embauche: le fait de mettre quelqu’un sur ses genoux dans le bus; *Dos-à-dos: disposition qui consiste à se faire dos debout dans le bus

*BID: Banque Islamique de Développement

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Commentaires

Bérété
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Vraiment, li n'y pas une vie meilleure à celle d'une FAC, c'est la famille!!! Courage à toi!!

Honvou Paul
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L'UAC est un campus qui forment pas mal de ressortissant chaque année