Atman BOUBA

Bénin: les pieds noirs

Oh femme béninoise! Femme africaine! Quelle beauté et quel sourire!! Ta poitrine bien relevée et ton postérieure bien soutenu qui retient tes perles nanan, avec une démarche majestueuse, quel homme ne tomberait pas dans ce piège? Ton regard, tes beaux yeux tout blancs, et ton sourire angélique font de toi un être hors du commun. Belle créature divine, tu es celle qui s’attire tous les regards masculins. Aussi te distingues-tu de par ta couleur d’ébène. Avec tes cheveux ondulés en nattes, ta voix de rossignol et ta silhouette bien dessinée, tu ne peux point passer inaperçue. Ton sourire fait rayonner ton visage d’un éclat qui éclairerait tout un village. Tu es une fierté. Tu es la fierté du Bénin. Oh femme béninoise! Femme noire! oh quel teint as-tu? Le teint noir qui fait la beauté de notre très chère aire culturelle. Femme béninoise, femme noire! ce teint est une fierté.
Mais que t’est-il arrivé douce créature? Qu’est-il arrivé à ton teint d’ébène? Qu’es-tu devenue? Oû est passé ce teint qui faisait tant ta beauté? Mais femme! Qu’as-tu fait de ce joli teint noir qui t’enjolivait? Mon Dieu! Femme noire! Quel monstre es-tu devenue? Oû sont passées ta dignité et ta fierté d’être noire? Il ne t’a fallu qu’un jour pour perdre ton identité. Oh femme béninoise, femme noire! Qu’as-tu’as-tu fait de toute ta mélanine? Tu es devenue la honte de cette race dont tu faisais toi-même la fierté.
Toi! Femme noire, toi qui était monochrome, tu es devenue une blanche aux pieds noirs. Tu es devenue une femme aux couleurs belges. Ton teint noir qui, jadis, harmonisait avec le soleil, tu l’as remplacé ex abrupto par un autre qui rivalise avec les rayons solaires. Béninoise! Oû est passée ta fierté d’appartenir à la race noire? Tu as fini par corrompre ta propre identité. Dis moi, quelle est ton origine? Es-tu africaine? Béninoise? Terrienne? Sûrement une  »alienne » puisqu’il n’existe point de terriens aux couleurs belges. Ce teint de jais, qui constitue la quintessence de l’africain, tu t’en es débarrassé sans regret.
Mais regardes-toi femme, regarde ton visage, on aurait dit un masque guèlèdè. Quel est ce relent? Ton parfum de rose s’est transformé en relent dantesque.
Mais quelle métamorphose? Oh femme africaine, femme béninoise, femme noire! Pourras-tu retrouver ce teint de jais? Pourras-tu retrouver cette identité corrompue?


Chez moi c’est le Bénin

C’est avec grande joie que je vous souhaite la bienvenue dans mon beau pays, ma très chère République du Bénin. Bénin, pays où l’on voit de toutes les couleurs et entend de tout. Pays où les voitures stationnent en plein milieu de carrefour. Pays où les quatre roues roulent du même côté que les deux roues. Pays où les autorités plongent le système éducatif dans une parfaite tétraplégie. Pays où aucun feu tricolore ne fonctionne. Pays où l’on contrôle rien. Pays où toutes demandes de pièces importantes dans les administrations mettent des mois à être prêtes. Et pourtant, j’aime mon pays. Pays où les usagers bafouent l’autorité des chefs de l’ordre. Pays où les forces de l’ordre font des interventions pédestres, à zem ou en taxi. Rien de tout ceci vous verrez nulle part ailleurs. C’est au Bénin. Pays où tout tourne dans le sens contraire. Pays où au lieu d’évoluer, l’on régresse. Tout ça, c’est mon Bénin. Pays où vous ne verrez jamais de l’air pur. Pays où tout est cher y compris la pitance. Et malgré ça, j’aime ma patrie. Pays où aucun code de la route n’est respecté. Pays où aucun sens giratoire n’est considéré. Pays où en pleine circulation, nul ne veut céder le passage à l’autre. Tout le monde est pressé. Tout ça, c’est au Bénin. Le pays qui ne se qualifie jamais pour le mondial de football et les phases finales de la CAN de football. Le pays qui ne se défend que dans la pétanque. Tout ça, c’est mon Bénin. Pays où le président de la république affrète un jet privé pour ses voyages officiels. Donc pays qui ne dispose pas d’avion présidentiel. Pays où l’électricité se fait rare. Des coupures d’électricité par ici, des coupures d’eau par là. Ça, c’est au Bénin. Pays qui peine à exploiter les ressources naturelles qu’il regorge. Vous ne verrez rien de tout ça à la fois ailleurs. C’est au Bénin. On est jamais pressé pour aller au service mais toujours pressé pour rentrer chez soi. Pays où même les têtes couronnées sont prioritaires. Tout ça c’est au Bénin. Et pourtant je l’aime. Bienvenue au Bénin, la terre du désordre et pourtant, nous l’aimons.